L e Square était pour Marguerite Duras un texte essentiel. Elle s'est battue pour qu'il soit publié, puis joué dans sa version théâtrale. J'ai retenu pour ma part la version originale de la pièce dont la langue me semble passionnante. La construction du dialogue provoque, de la part des deux personnages, un effet de naïveté : ils posent des questions que plus personne ne pose. Dans un langage à la fois familier et extraordinaire, ils interrogent un monde auquel ils ne sont pas habitués et dont ils ont pourtant une conscience aiguë. Marguerite Duras racontait qu'elle s'était intéressée aux gens qui se taisent dans les squares. Elle a voulu fabriquer la parole de ce silence. Un homme et une femme sortent d'un silence mortel pour vivre enfin le temps d'une conversation.Très répandue dans notre société, la conversation a perdu aujourd'hui toute sa valeur. Les conversations vaines, inutiles, vides, envahissent les écrans de télévision. Marguerite Duras a su créer une conversation qui, en soi, est un acte de vie.Paradoxalement, il ne se passe rien, il n'y a pas d'action. C'est la conversation elle-même qui est un acte : elle fait vivre les deux personnages.Le Square n'est pas comparable à ce qu'a écrit par la suite Marguerite Duras. Ce texte, dans sa savante simplicité, est une méditation profonde sur le temps, la vie et le bonheur, incarnée par des êtres qui nous ressemblent. C'est un théâtre de mots et dans le panorama des écritures contemporaines, s'attacher aux mots, à leur sens, à leur force, à ce qu'ils provoquent, n'est pas, me semble-t'il, un combat tout à fait insensé.
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