Raison, déraison
De ce couple de mots, faut-il choisir le moindre pour soi-disant se prémunir du pire?
Ça n'est pas sûr: est-ce bien raisonnable de l'être?
N'est-ce pas fou de prétendre avoir raison?
Le théâtre, par l'exemple de chacune des pièces présentées durant cette saison, nous propose de commencer à y réfléchir, pour découvrir que la rationalité a elle-même son histoire, qu'elle évolue avec le temps et le savoir, et que peut-être la déraison a sa raison que la raison ne connaît pas.
Ainsi en irait-il de la coexistence la plus pacifique possible des croyances, des idées, des comportements, des nationalités, et pour tout dire des hommes entre eux.
Laurent Caillon.
CROISEMENT
Une reprise et une création en début de saison viendront
mettre un terme au périple des Mères entamé l'année
dernière sur les plateaux du Théâtre de la Commune. Elles nous ont fait voyager, dans le temps, dans l'espace, au plus
près de nos histoires, de notre Histoire; elles nous ont fait
rire et pleurer, nous ont dit les choses de nous-mêmes que
le miroir du théâtre renvoie en reflets infinis à nos
consciences inquiètes. Elles nous ont rassurés parfois, surpris souvent par le regard imprévisible qu'elles portent sur le
monde. Celles que nous retrouverons en octobre prochain,
dans les deux salles du Théâtre - Mama l'Argentine et
Bohême l'Italienne tisseront aisément le lien avec l'emblème
de la saison prochaine : parfaitement déraisonnables, aux yeux de leur mari, de leurs enfants, délinquantes devant la
loi, incongrues devant l'ordre établi, ces deux mamans-là
n'ont pas la langue dans leur poche, elles savent nous
rappeler à l'heure des soi-disant « ruptures» qu'une certaine
insolence, le sens du combat et un zeste de générosité sont encore des folies auxquelles nous pouvons croire pour
penser les choses de la vie.
Didier Bezace